Je mange, donc je suis! (1 de 2)

L’alimentation influence le fonctionnement du cerveau et la santé mentale

Dre Anne-Isabelle Dionne
ELNA, Saint-Mathieu-de-Beloeil

Les milliers de molécules chimiques que nous apporte l’alimentation régulent des fonctions vitales du corps. Toutefois, elles produisent aussi des neurotransmetteurs liés aux humeurs et aux comportements.

Un Canadien sur sept est affligé de troubles de l’humeur (altération de la pensée, de l’humeur ou du comportement qu’on associe à un certain niveau de détresse)1. Et une personne sur trois ressent de l’anxiété2. La psychothérapie, les outils de croissance personnelle et d’autogestion des émotions ainsi que les antidépresseurs de tout genre font partie des thérapies de première ligne pour traiter de tels maux3.

Étonnamment, les gens atteints d’un trouble mental comme la dépression ou l’anxiété sont aussi plus susceptibles de souffrir d’un problème chronique : maladie cardiovasculaire, diabète, hypertension artérielle, maladie pulmonaire obstructive chronique, etc.4 Sachant que les maladies cardiométaboliques de ce genre sont très souvent causées par de mauvaises habitudes de vie, entre autres alimentaires, y a-t-il un lien physiologique entre les deux? En quoi l’alimentation peut-elle avoir un impact sur le fonctionnement du cerveau et la gestion des humeurs?

Alimentation saine = risque réduit de dépression
Dans chaque bouchée, l’alimentation fournit au corps des milliers de molécules chimiques avec une pertinence biochimique bien claire et sans lesquelles une tonne de réactions enzymatiques ne se produiraient pas correctement. La production des neurotransmetteurs qui régulent les humeurs et comportements dans le cerveau fait partie de ces fonctions vitales qui relèvent de l’interaction dynamique et continue avec plusieurs nutriments essentiels provenant de notre alimentation.

De nombreuses études ont observé l’impact de l’alimentation sur l’état de la santé mentale. Sans surprise, plusieurs ont conclu qu’une alimentation saine est associée à un degré moindre de dépression5,6,7,8,9. Ainsi, une approche alimentaire favorisant la consommation abondante de fruits et légumes, grains entiers non transformés, poissons gras, huile d’olive, noix et graines contribue à une santé psychologique plus équilibrée. À l’inverse, on voit un risque accru de dépression chez les grands mangeurs de viande rouge et(ou) transformées (charcuteries), grains/céréales raffinés (farines, pains, céréales à déjeuner, pâtes, etc.), produits laitiers riches en gras, desserts, bonbons et confiseries.

Étonnamment, ce type d’alimentation est aussi associée à une réduction significative du risque de maladies cardiovasculaires. Comme quoi l’effet biochimique induit par ces habitudes alimentaires a un impact dans les mécanismes inflammatoires pouvant affecter le cerveau autant que la santé des artères10. L’alimentation de la femme enceinte peut également affecter la santé mentale de son futur bébé lors de l’enfance et de l’adolescence. Plus elle est pauvre en nutriments et riche en produits transformés, plus l’enfant à naître est susceptible de développer des problèmes psychiatriques durant sa croissance.11,12,13,14

Dans un second texte, nous observerons de plus près la corrélation entre l’alimentation et la santé mentale, notamment en traitant de phénomènes comme le microbiote, les inflammations, le stress oxydatifs, besoins en antioxydants et la plasticité cérébrale.


1 https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/rapport-systeme-canadien-surveillance-maladies-chroniques-maladies-mentales-canada-2015.html#s0

2 Katzman, M.A., Bleau, P., Blier, P. et al. Canadian clinical practice guidelines for the management of anxiety, posttraumatic stress and obsessive-compulsive disorders. BMC Psychiatry 14, S1 (2014). https://doi.org/10.1186/1471-244X-14-S1-S1

3 Kennedy SH, Lam RW, McIntyre RS, Tourjman SV, Bhat V, Blier P, Hasnain M, Jollant F, Levitt AJ, MacQueen GM, McInerney SJ, McIntosh D, Milev RV, Müller DJ, Parikh SV, Pearson NL, Ravindran AV, Uher R; CANMAT Depression Work Group. Canadian Network for Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) 2016 Clinical Guidelines for the Management of Adults with Major Depressive Disorder: Section 3. Pharmacological Treatments. Can J Psychiatry. 2016 Sep;61(9):540-60. doi: 10.1177/0706743716659417. Epub 2016 Aug 2. Erratum in: Can J Psychiatry. 2017 May;62(5):356. PMID: 27486148; PMCID: PMC4994790.

4 https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/rapport-systeme-canadien-surveillance-maladies-chroniques-maladies-mentales-canada-2015.html

August 5, 2021 – Lai, JS, Hiles, S, Bisquera, A et al. (2014) A systematic review and meta-analysis of dietary patterns and depression in community-dwelling adults. Am J Clin Nutr 99, 181–197

6 Psaltopoulou, T, Sergentanis, TN, Panagiotakos, DB et al. (2013) Mediterranean diet, stroke, cognitive impairment, and depression: a meta-analysis. Ann Neurol 74, 580–591.

7 Quirk, SE, Williams, LJ, O’Neil, A et al. (2013) The association between diet quality, dietary patterns and depression in adults: a systematic review. BMC Psychiatry 13, 175

8 Rahe, C, Unrath, M & Berger, K (2014) Dietary patterns and the risk of depression in adults: a systematic review of observational studies. Eur J Nutr 53, 997–1013

9 Li, Y, Lv, MR, Wei, YJ et al. (2017) Dietary patterns and depression risk: a meta-analysis. Psychiatry Res 253, 373–382.

10 Sanchez-Villegas, A, Martinez-Gonzalez, MA, Estruch, R et al. (2013) Mediterranean dietary pattern and depression: the PREDIMED randomized trial. BMC Med 11, 208.

11 O’Neil, A, Quirk, SE, Housden, S et al. (2014) Relationship between diet and mental health in children and adolescents: a systematic review. Am J Public Health 104, e31–e42

12 Muhlig, Y, Antel, J, Focker, M et al. (2016) Are bidirectional associations of obesity and depression already apparent in childhood and adolescence as based on high-quality studies? A systematic review. Obes Rev 17, 235–249.

13 Sparling, TM, Henschke, N, Nesbitt, RC et al. (2017) The role of diet and nutritional supplementation in perinatal depression: a systematic review. Matern Child Nutr 13, e12235.

14 Baskin, R, Hill, B, Jacka, FN et al. (2015) The association between diet quality and mental health during the perinatal period. A systematic review. Appetite 91, 41–47.

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