Que ce soit avant, pendant ou après la grossesse, la perte d’un bébé est une épreuve particulièrement difficile à vivre pour les parents, et parfois même pour leur entourage. Cette perte peut provoquer une douleur profonde et amener à se poser de grandes questions telles que « Est-ce de ma faute ? Pourquoi dois-je vivre cela ? Pourquoi moi et pas les autres ? Comment puis-je m’en remettre un jour ? Est-ce que c’est encore possible de vivre une prochaine grossesse heureuse ? ».
Ces questionnements sont normaux, mais peuvent parfois être souffrant. Si vous vous sentez envahi par ce genre de pensée, cet article permettra de vous offrir quelques réponses et solutions.
Qu’est-ce que le deuil périnatal ?
Le deuil périnatal désigne généralement le processus de deuil vécu par les parents face à la perte d’un bébé. Cependant, on inclut également le deuil vécu suite à l’annonce d’une impossibilité à concevoir un enfant1.
Avant la grossesse
Le deuil périnatal peut être vécu bien avant la conception, en raison de problèmes d’infertilité. On parle d’infertilité après 12 mois de relations sexuelles non protégées régulières sans grossesse2. Le désir de devenir parent, combiné à l’incapacité de concevoir un enfant naturellement, peut entraîner un sentiment de perte et de manque.
Pendant la grossesse
Une femme enceinte peut subir différents problèmes de santé provoquant le décès de l’embryon ou du fœtus avant la naissance. Cela inclut les cas suivants :
- Fausse couche : Lorsque le fœtus meurt avant avoir atteint 20 semaines de gestation, souvent à cause d’une anomalie chromosomique de l’embryon. La cause d’une fausse couche demeure souvent inconnue.
- Mortinatalité : Lorsque le fœtus meurt à partir de 20 semaines de grossesse, souvent en raison d’un problème médical comme une malformation ou une maladie.
- Avortement provoqué : Lorsque la grossesse doit être interrompue pour des raisons médicales (non-viabilité ou anomalie majeure sur le futur bébé) ou pour des raisons personnelles.
De nombreuses personnes pensent que le deuil périnatal est plus facile à surmonter avant la naissance étant donné que les parents n’ont pas connu leur enfant. Ce deuil ne doit pas être rendu invisible je crois que tu voulais utiliser un autre terme?) mais autant pris au sérieux qu’un deuil après la naissance.
Après la grossesse
Le deuil périnatal s’étend pour tous les parents qui ont vécu le décès de leur bébé jusqu’à la première année suivant l’accouchement.
Il est important de souligner que le deuil périnatal ne concerne pas seulement la mère qui a porté l’enfant. Les deux partenaires du couple, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, peuvent être touchés de manière profonde. D’autres proches comme des membres de la famille, peuvent avoir besoin de soutien.

Facteurs de risque d’un deuil périnatal difficile
Plusieurs facteurs peuvent amplifier le risque de vivre un deuil périnatal douloureux. Comprendre ces causes permet de mieux anticiper les besoins d’accompagnement.
- Antécédents de troubles de santé mentale : Si vous avez déjà vécu de l’anxiété, de la dépression ou d’autres troubles psychologiques, le deuil périnatal peut exacerber ces problèmes.
- Problèmes de communication dans le couple : La perte d’un bébé peut compliquer la relation, surtout si l’un des partenaires se sent isolé ou incompris. Le manque de soutien mutuel peut compliquer le processus de deuil.
- Monoparentalité ou manque de soutien social : Le soutien de la famille et des amis est essentiel dans cette épreuve. L’isolement ou la pression exercée par les proches pour « tourner la page » rapidement peut être très nocif.
- Stigmatisation culturelle ou sociétale : Certains comportements et attitudes accentuent le sentiment de honte, dissuadant les parents de rechercher le soutien nécessaire pour surmonter cette épreuve.
- Pertes multiples : Avoir subi plusieurs fausses couches ou avoir déjà perdu un enfant augmente le risque de vivre un deuil compliqué.
- Expérience de deuil antérieur : Si vous avez déjà vécu la perte d’un proche ou avez traversé un deuil difficile, cela peut compliquer davantage la gestion du deuil périnatal.
- Circonstances de la mort : La perte soudaine et inattendue, comme le décès brutal pendant la grossesse ou à la naissance, peut rendre le deuil plus traumatisant.
Si vous vous identifiez à ces facteurs de risque, soyez attentifs aux signes et symptômes qui peuvent se manifester et n’hésitez pas à en discuter avec un professionnel de la santé d’ELNA.

Signes et symptômes du deuil périnatal
Les cinq étapes du deuil – le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation – sont souvent vécues différemment par chaque individu, mais elles sont une part normale du processus de guérison. Mais parfois, le deuil périnatal peut être accompagné d’émotions intenses et douloureuses, affectant lourdement la santé mentale et le bien-être des parents. Les principaux signes à identifier sont les suivants :
- Tristesse et sensibilité émotionnelle : Les pleurs fréquents, l’impression d’être submergé par la douleur, sont des réponses naturelles à cette perte.
- Honte, culpabilité ou sentiment d’échec : Les parents, surtout les mères qui ont porté le bébé, peuvent se sentir responsables de la perte, même lorsque celle-ci est hors de leur contrôle.
- Anxiété face à une nouvelle grossesse : Planifier une nouvelle grossesse après une perte peut s’accompagner de nombreuses craintes, y compris celle d’un nouveau décès périnatal.
- Dénégation de la perte : Certains parents peuvent nier la perte, refusant de croire que leur bébé est parti.
- Sensations physiques : Il arrive que les mères continuent de ressentir des symptômes physiques liés à la grossesse, comme la sensation que le bébé bouge encore.
- Sentiment de solitude : Le deuil périnatal peut créer un profond sentiment d’isolement, avec l’impression d’être abandonné par ceux qui ne comprennent pas pleinement cette douleur.
- Colère et irritabilité : Il n’est pas rare de ressentir de la colère envers les autres ou envers soi-même, parfois même envers le partenaire ou les personnes qui ont des enfants.
- Troubles du sommeil et de l’appétit : Insomnie, fatigue constante, perte d’appétit ou, au contraire, tendance à grignoter pour compenser l’inconfort émotionnel, sont des troubles parfois ressentis.
- Isolement social : Les parents peuvent éviter les rassemblements sociaux, en particulier ceux où des bébés ou des enfants sont présents, accentuant ainsi leur isolement.
- Tensions dans le couple : Le deuil périnatal peut créer des conflits dans le couple, entraînant une diminution de la libido, des disputes fréquentes et la peur de se séparer.
- Difficultés au travail : Le manque d’intérêt pour les activités professionnelles, la baisse de concentration et la fatigue sont des signes communs observés au travail.
- Jalousie envers d’autres parents : Voir des familles avec des bébés peut raviver la douleur, rendant le quotidien encore plus difficile.
- Comportements autodestructeurs ou pensées suicidaires : Dans les cas les plus graves, certains parents peuvent ressentir des pensées suicidaires. Si cela vous arrive, il est essentiel de contacter un médecin immédiatement.
Si vous reconnaissez certains de ces symptômes chez vous ou chez un proche, un accompagnement médical et un soutien émotionnel doivent être envisagés. N’hésitez pas à consulter un médecin si vous avez des questions.

Accompagnement et aide au deuil périnatal
Si vous vous reconnaissez dans l’un des facteurs de risque ou si vous vivez l’un des signes mentionnés, il est essentiel de ne pas attendre d’être au plus mal pour demander de l’aide. Les professionnels de la santé peuvent apporter un soutien crucial dans ce processus face au décès d’un fœtus ou d’un bébé.
Les professionnels de santé, qu’il s’agisse de médecins, de psychologues, d’infirmières ou de sages-femmes, jouent un rôle fondamental dans l’accompagnement des parents en deuil périnatal. Voici quelques-unes des façons dont ils peuvent vous aider :
- Offrir un soutien émotionnel : Les professionnels de la santé sont formés pour écouter sans jugement et offrir une communication compatissante. Ils peuvent vous aider à mieux comprendre les étapes du deuil et vous accompagner dans votre processus de guérison.
- Orienter vers des ressources locales : Que ce soit un groupe de soutien, un groupe de parole, des associations ou un accompagnement individuel, ils peuvent vous diriger vers les meilleures options dans votre région. Rencontrer d’autres parents de bébés décédés ou qui ont vécu des situations similaires, peut aider à comprendre comment surmonter cette épreuve.
- Informer sur la périnatalité : Recevoir des informations objectives sur la grossesse, la naissance, l’accouchement, la conception, les méthodes alternatives (comme l’adoption) ou les solutions pour personnes infertiles, peut vous aider à prendre des décisions éclairées pour l’avenir.
- Soins médicaux appropriés : Votre professionnel de santé peut vous conseiller des stratégies pour aller mieux, comme une psychothérapie, des changements d’habitudes de vie ou de la médication. Un suivi régulier peut être proposé pour s’assurer que vous avancez sur la voie de la guérison.
Enfin, n’oubliez pas que le deuil est un processus unique et qu’il n’y a pas de « bonne » manière de le vivre. Ce qui compte, c’est d’être patient avec vous-même et de chercher l’accompagnement nécessaire.
Médecin pour le deuil périnatal sur la Rive-Sud
Médecin de famille spécialisée en santé mentale maternelle, Dre Marie Ammerlaan accompagne avec bienveillance les couples traversant un deuil périnatal à Brossard et Boucherville. Elle propose des services privés complets en périnatalité pour soutenir les femmes à chaque étape, que ce soit avant, pendant ou après la grossesse (fertilité, suivi de grossesse, anxiété périnatale, post-partum, deuil périnatal, naissance, etc.). Prenez rendez-vous pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Services privés non couverts par la RAMQ mais par la plupart des assurances privées.Sources | 1 : Santé Canada – Perte de Deuil | 2 : OMS – Infertilité | INSPQ – Décès et deuil périnatal